http://www.musicwaves.fr/frmReview.aspx?ID=15776&REF=WEEND-Ô_Time-Of-Awakening

« Weend’ô vous transporte dans un tourbillon d’émotions : ici la Musique confine à l’Art avec un grand A et un grand M. On tient là peut être l’album de l’année dans sa catégorie. »

Weend’ô est un groupe à part dans le paysage musical hexagonal. Le quartet, au-delà du travail de composition et d’interprétation, propose une vision artistique très développée et notamment sur scène comme en témoigne le très réussi « Fairytalacoustic » (2014) mêlant danse, théâtre et donc musique. Cette conceptualisation presque intellectuelle pourrait déstabiliser, cependant le groupe fascine l’auditeur et ne laisse pas indifférent depuis son premier essai « You Need To Know Yourself » (2012).
C’est donc six ans après que sort « Time Of Awakening ». Ayant placé la barre très haut dès l’origine, la pression est relativement forte sur les épaules de Weend’ô de faire aussi bien voire mieux avec ce nouvel album. La musique du combo est comme une fenêtre au travers de laquelle l’auditeur voit passer les différentes couleurs du ciel musical.  Celui-ci sera clair-obscur avec ‘Time Of Awaken part.1′ au rythme hypnotique sous forme de loop que vient rejoindre la guitare qui balance son premier solo d’emblée sans avertissement. L’auditeur est happé puis pris au piège des filets de Weend’ô, tel Ulysse paralysé par le chant des sirènes que Laetitia incarne. Puis la musique se tend et se densifie au fil de l’eau, à l’image de cette pochette minimaliste marquée d’un S inversé aquatique.

Elle est comme un courant contre lequel il est devenu impossible de lutter. Celle-ci offre cependant des accalmies comme sur ‘Time Of Awakening part.2′ : le piano subtil souligne le chant si délicat de Laetitia qui finit par s’effacer pour laisser les notes s’exprimer, puis un passage electro fait monter la tension pour amener la dernière partie de ce morceau phare éponyme. Celle-ci bouscule façon Riverside, ajoutant à la mélodie et la mélancolie une lourdeur presque metal où chaque musicien ira de son moment de gloire : la guitare avec ses soli très inspirés, la basse ronflante, la batterie incisive et le clavier final tout en nappes aériennes et atmosphériques qui calment le jeu.

Groggy, l’auditeur manque d’air, et ce n’est pas le titre suivant qui va l’aider à lui apporter de l’oxygène tellement ‘Angel Dust’ est d’une densité déconcertante où les breaks sont multiples, brusquement enchaînés et semblant manquer de liant. Le titre surprend, chamboule, désoriente un peu à la The Gathering, et demande plusieurs écoutes pour saisir les subtilités nombreuses (rythmes syncopés, passages planants, parties plus dynamiques) qui s’enchevêtrent jusqu’à l’explosion finale portée par le chant.

Weend’ô, après ce déluge d’émotions, soigne sa sortie avec le sublime titre ‘Elea’ découpé en deux parties. La première débute de façon plus calme accentuant une mélodie plus lisible avec une montée en puissance à l’image des dernières compositions d’Anathema avec un growl en arrière-plan qui densifie les lignes de chant soutenues une nouvelle fois par la magnifique intervention de la guitare. La seconde partie est encore plus symptomatique avec ce neo post rock si cher aux Anglais, où la magie opère avec juste quelques notes à hérisser les poils des bras.

Voilà un album qui prend aux tripes, magnifiquement exécuté, écrit et composé comme d’un seul homme – aucun des membres ne prend le pas sur l’autre, c’est un vrai album de groupe. Weend’ô livre avec maestria ce qui constitue, pour l’auteur de ces lignes, la grosse sortie de ce début 2018 et qui postule déjà au titre de meilleur disque de l’année.